En maison de retraite
Voici un exemple concret de séance de médiation par l’animal et psychomotricité avec un groupe de personnes âgées vivant en maison de retraite.
Séance en maison de retraite en Août 2016
Lorsque nous entrons dans la pièce Kelly et moi avec un chien et un lapin, une dame s’écrie depuis son fauteuil : “Oh je vous reconnais, vous ! “
Par sa simple présence, le chien apporte une dynamique et nous permet de commencer ce temps de prise de contact sur les “chapeaux de roue”. Nous saluons chacun, nous nous présentons, nos animaux et nous.
– Puisque que tous le monde a l’air en forme et que c’est la période, je propose un peu de sport : des jeux olympiques.
– Oh non non ! me répond-t-on.
– …Mais c’est le chien qui va se fatiguer.
– Alors d’accord !
Nous sortons des drapeaux de petites tailles :
– Quel est se pays ?
– L’Italie !
Pour tous, c’est déjà l’occasion de stimuler la mémoire et l’attention.
– Qui veut représenter l’Italie ?
Une fois que 6 drapeaux ont été distribués, les rôles sont répartis : Nous avons des participants, un public pour encourager et un photographe officiel : l’animatrice de la maison de retraite.
Les épreuves peuvent commencer .
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Epreuve 1 : Tennis : Lancer la balle au chien à l’aide d’une raquette de tennis.
Ce jeu mobilise les deux côtés du corps et nécessite de la coordination.
C’est l’occasion pour tous, de stimuler un grand nombre d’items psychomoteurs : l’orientation dans l’espace, les praxies, l’ajustement moteur, la coordination occulo-motrice et la programmation du geste.
Une dame oublie son côté gauche et lance la balle à une main en oubliant la raquette.
Il s’agit pour elle de faire le geste correctement et de re-mobiliser le côté gauche. Cette dame pense que c’est le chien qu’on fait travailler, mais c ‘est elle qui fait l’effort de réutiliser son bras gauche.
Dans ce cas, l’animal est un prétexte. Son dynamisme est contagieux et met de la gaîté.
Pour cette dame, le plaisir de voir le chien reposer la balle dans sa main lui donne envie de recommencer.
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Epreuve 2 : Saut en hauteur : tenir à deux, une barre à l’horizontale. Le chien doit sauter par dessus et non passer par dessous.
Ce jeu est proposé à des personnes en fauteuil roulant. Cet exercice fait intervenir d’autres items psychomoteurs : le schéma corporel, l’organisation dans l’espace ainsi qu’un travail sur la posture assise, la musculature et l’équilibre.
Bien que leur mobilité soit réduite, elles doivent mobiliser leur corps pour trouver la bonne position pour ne pas gêner le chien, la bonne hauteur pour ne pas qu’il passe dessous et tenir la position jusqu’à ce que chien accepte de sauter. Elles doivent se décentrée d’elles-mêmes et tenir compte du chien et de leur partenaire.
Lorsque le chien passe sous la barre la salle entière rit … moment de bonheur général et partage des émotions. Pas de sentiment d’échec : c’est le chien qui s’est trompé.
Lorsque le chien saute la barre, tous le public applaudit et les participants s’approprient cette victoire avec fierté.
L’animal endosse la responsabilité des échecs sans en prendre ombrage et redonne la fierté des réussites à qui en a besoin. C’est un bon partenaire du psychomotricien pour travailler sur l’estime de soi, l’un des item de la psychomotricité !
- Epreuve 3 : Le “tire-fauteuil”
Grace à son harnais, Fétiche peut tirer les fauteuils.
Les personnes en fauteuil qui le souhaitent, tentent l’expérience. Kelly est à l’arrière des fauteuils en guise de frein si besoin.
Ce jeux déclenche l’hilarité générale, tous le monde applaudit, encourage le chien et crie de joie à chaque fois que la ligne d’arrivée est franchie.
Interview d’un des “athlètes” “Ca fait longtemps que je n’ai pas été aussi vite !”
Ici il ne s’agit plus de psychomotricité. Mais ce jeu a le mérite de redynamiser tous le monde, de recharger les cœurs en énergie vitale.
C’est l’avantage de la médiation par l’animal : On peut offrir des moments de grand plaisir, sans obligation de progrès et sans avoir les contraintes d’un cadre thérapeutique.
Les épreuves achevées, nous prenons le temps d’une petite séance photos pour chaque “athlète”, avec chien, drapeau, coupe et médaille. Les photos défilerons sur l’écran prévu à cet effet dans la salle de restaurant. Ce qui permet d’entretenir les souvenirs à court terme.
Chacun veut récompenser le chien avec des friandises… Sauf une dame qui a peur. Sa voisine l’encourage et elle accepte que je l’aide. Elle ouvre sa main à plat et je lui protège le bout des doigts.
Au niveau psychomoteur, mettre la friandise dans sa main à plat permet de mobiliser les articulations et de diminuer les conséquence de l’enraidissement musculaire et articulaire.
Le chien vient prendre délicatement la friandise et la dame s’écrie surprise “Oh c’est doux ! c’est très doux !” La langue chaude et humide apporte des sensations kinesthésiques nouvelles.
Et elle recommence sans mon aide. La dame semble vraiment heureuse et ses voisines partagent sa joie. Elle n’avait jamais donné à manger dans sa main à un animal.
La délicatesse du chien, la douceur qu’elle ressent et le fait de vivre une expérience nouvelle à son âge, la remplie de joie !
C’est un moment fort pour tous le monde car elle partage ses émotions avec tous le groupe.
Comme l’illustre cette séance, l‘intervenant en médiation par l’animal favorise la communication et la création de liens sociaux et affectifs.
L’animal soutient et harmonise le fonctionnement psychique des l’êtres humains.
Le fait d’être psychomotricien permet en plus, d’adapter les activités en fonction des difficultés spécifiques de chaque personne : espace, temps, motricité tonus, praxies, mémoire, attention, schéma corporel, estime de soi .